Le coût d'apprendre
Le choix des programmes en ligne
- "Bonjour Elisa, vous créez des programmes en ligne, pouvez vous m’expliquer pourquoi ce choix?"
Je me suis sentie courte en explications face à cette question car au-delà de la seule facilité d’accès à la formation que ce soit dans l’espace comme dans le temps, je suis guidée par une toute autre volonté bien plus présente que ces deux éléments fondamentaux: être libre de se former (vs demander le “droit à quelqu’un d’apprendre”) et se former d’où on le décide (vs se former dans une salle en souvenir de l’adolescent(e) que nous étions).
J’entretiens depuis longtemps une vraie passion pour la formation: je l’aime et je la déteste!
Je l’aime car j’ai besoin d’apprendre, de découvrir, d’alimenter mon cerveau par des concepts, des notions, qui me permettent d’agir, de mettre en œuvre, d’innover, de m’améliorer dans mes pratiques quotidiennes...bref, de me développer aussi grâce à elle.
Je la déteste quand elle m’explique que pour en bénéficier je dois remplir des dizaines de documents, attendre des semaines avant de savoir si “elle a été acceptée”. Accepter par qui au juste ? En quoi le gestionnaire administratif de la formation peut-il savoir mieux que moi sur quoi j’ai besoin de me former ? En quoi devrais-je attendre d’obtenir un hypothétique “financement” pour avoir accès à la connaissance ?
Notre système éducatif français a considérablement évolué en donnant une réelle place à l’apprentissage, plaçant l’apprenant au coeur du dispositif: l’élève apprend désormais aussi en expérimentant.
Alors que le dispositif de la formation professionnelle proposée aux salariés continuent dans son mode lowcost, malgré ses mises à jour de couches et de couches de dispositifs, une seule proposition: avoir accès à un compteur d’heures (comme des miles) pour “choisir” dans un catalogue figé ce qui a été identifié comme formations incontournables.
Si je comprends la proposition qui m’était faite en tant qu’adulte salarié, manager était, alors que j’ai une place dans une organisation, que je m’investie dans mon métier, qu'on me place dans une situation où je n’ai pas d’autres choix que de sélectionner avec mes “miles” une formation “certifiante” car sans titre, une formation n’aurait pas de valeur ?
C’est tout cela et bien plus encore qui font que j’ai peu d’atomes crochus avec les dispositifs actuels et anciens. Pour une entreprise, c’est un casse tête que de chercher à jongler entre les dispositifs pour en faire bénéficier les salariés, le temps que vous ayez pu “monter” les dossiers de demandes de financement (pour le peu qui existent) votre année touche à sa fin et vous inscrivez votre bilan annuel, le nombre de formations “reportées”; pour le salarié habitué ou pas, à “demander” à bénéficier d’une formation à son entreprise, il se voit accepter “le minimum” alimentant son mécontentement et le sentiment de ne pas être reconnu dans son souhait d’apprentissage et donc d’évolution.
Les programmes en ligne offrent un nouveau sens à ce que représente l'envie constante d'évoluer: ils nous mettent face à nos désirs profonds, sans remmettre le "permis d'évoluer" à un tiers, mais à la seule personne qui le ressent : soi-même.